☞ QUOTES.

Ma chère Amelia,
La vie n'a pas été tendre avec nous n'est-ce pas ? Je me rappelle encore la première fois que je t'ai tenue dans mes bras, une petite chose rose et prématurée qui m'a attrapé le pouce et serré le fort possible. Comme j'aurais aimé te voir grandir, malheureusement la vie en a décidé autrement. Je t'épargnerais l'histoire qu'est mon séjour en prison, je ne te parlerais pas des années d'enfer que j'ai passé dans une cellule sombre à me demander où mon bébé était. Notre séparation a été la chose la plus difficile que j'ai vécu. J'aurais aimé être une mère comme les autres, te faire des gâteaux et t'aider à préparer tes exposés, cependant je ne veux pas vivre dans le passé. J'ai passé tant d'années à te chercher, dès que ma peine fût purgée je me suis mise à ta recherche. Je suis consciente du fait que tu puisses m'en vouloir et je ne te demanderais pas de me pardonner mes erreurs. Tout ce que je veux c'est une chance de te voir en face à face et qu'on rattrape le temps perdu. La situation est compliquée mais je me battrais pour toi. J'aimerais être la mère que tu n'as jamais eue, te protéger et t'aimer. Mon Amelia si tu savais comme je m'en veux, mes erreurs ont eu de lourdes conséquences pour toi et comme tu as dû souffrir mais je t'en pris ne soit pas trop dur à mon égard. Pour rien au monde je n'aurais voulu te faire du mal.Tu ne le comprendras sûrement pas mais ce que j'ai fait je l'ai fait pour nous, je voulais que tu ai tout ce que tu désirs, que tu ne manques de rien mais, j'ai fait les mauvais choix et j'ai fait exactement le contraire de ce qu'une bonne mère aurait fait. Les temps étaient durs pour nous, l'argent manquait, ton père ... ah ton père, j'en aurais beaucoup à dire sur son compte ce lâche qui n'a jamais été d'une grande aide pour nous. Bref, je voulais qu'on s'en sorte et j'ai fait la seule chose dont je me savais capable. Je ne cherche pas à excuser ce que j'ai fais, bien au contraire, j'étais stupide et inconséquente mais je veux que tu comprennes le désespoir qui m'a conduite à un tel comportement. Aujourd'hui je peux t'affirmer que tout cela est bien derrière moi, je ne touche plus aux drogues, j'ai un emploi stable et je suis prête à recommencer à zéro avec toute l'aide qu'on puisse m'offrir. J'aimerais que tu sois à mes côtés pour cette nouvelle vie Amelia ... Où devrais-je dire Seven ? Pourquoi avoir changé de prénom si tu n'as pas changé de nom ? Serait-ce une lubie d'adolescente en quête d'identité ? Quoi qu'il en soit tu restes à mes yeux mon Amelia. J'espère que tu auras assez de coeur pour me laisser une chance.

Je t'aime.
Maman.

Un cri de rage éclata éraflant douloureusement ma gorge au passage. « Salope » était le premier mot qui me vint à l'esprit suivi de plusieurs noms d'oiseaux. Les larmes montaient malgré moi et j'aurais voulu avoir quelque chose sur quoi me défouler. Après onze ans de silence radio celle par qui tout mon malheur avait débutés osait revenir vers moi. Je sais qu'elle n'avait écopé que de cinq ans de prison alors pourquoi attendre tout ce temps avant de reprendre contact ? Un signe d'elle aurait été le bienvenue pendant toutes ces années où je suis allé de famille d'accueil en famille d'accueil. Je ne me serais sûrement pas fait battre par les Hamilton et les Jones si elle l'avait fait, si elle était revenue je n'aurais pas connu les Montgemery qui m'ont mise plus bas que terre et humiliée. Je ne serais sans doute pas là à me cacher de la police et des assistants sociaux qui pensent bien faire en me renvoyant dans une famille qui n'est pas la mienne. Je ne rais pas obligée de mentir à tout le monde sur mon identité, sur mon passé. Je ne serais pas au travail la moitié de la journée, ratant des heures précieuses de cours. Je ne volerais pas pour me nourrir parce qu'avec le loyer les trois quarts de ma paye s'en vole. Si elle avait fait les choses plus tôt mon seul soucis à l'heure qu'il est, serait de savoir quelle robe mettre pour la fête de vendredi. Elle peut aller se faire foutre. Sa chance elle se la met où je pense, je ne compte pas lui en donner. J'ai vécu un enfer par sa faute et quand elle a eu la chance de m'en sortir elle n'a pas bougé le petit doigt. Plus rien ne me retenait à elle sauf mon nom. Mon stupide nom que j'ai gardé parce que je suis trop sentimentale et que je voulais me raccrocher aux peu de souvenirs que j'ai d'elle. Conneries. Cela fait bien longtemps que je ne suis plus Amelia McHale, je suis Seven, un simple nombre, un simple dossier parmi tant d'autre qui a décidé de s'en sortir par elle-même. Je n'ai pas besoin d'elle, je n'ai besoin de personne. A compter d'aujourd'hui ma mère n'existe plus, son souvenir restera cette image flou j'ai toujours vu dans ma tête. Dans mes mains la lettre était déjà en morceaux depuis longtemps, je l'avais sans doute fait sans me rendre compte. Me laissant glisser sur le sol je me mit à réfléchir. Non plus à cette maudite lettre, je devais l'oublier et le plus tôt serait le mieux. Ce qui préoccupait mon esprit était plutôt le fait qu'elle m'est retrouvée, qu'elle sache où je suis. Si elle l'a découvert alors d'autres le peuvent sans doute et c'est ce qui m'inquiétait le plus.

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« Debout Seven, ma mère te demande. » Émergée du sommeil le matin a toujours été une torture pour moi. Même réveillée avec une telle douceur cela restait quelque chose de difficile pour moi, surtout quand je savais ce qui m'attendait. Pour la troisième fois cette année j'ai changé de famille d'accueil, la précédente me jugeait trop « instable » « une mauvaise influence pour leurs jeunes enfants » honnêtement je ne crois pas que leurs gosses aient attendus mon arrivée pour être de vrais monstres. J'étais bien contente de les quitter, eux et leur image de gentille petite famille qu'ils se donnaient. Honnêtement si j'avais su que je tomberais là j'aurais tout fait pour qu'ils me gardent. Ma nouvelle famille m'a prise en grippe dès mon arrivée. Je suis un peu devenue leur employée de maison, enfin quand je dis "employée" je suis gentille, au moins les employés sont payés pour faire leurs corvées. M'occuper de leur lessive sale n'est pas la chose la plus désagréable pour moi dans cette maison, je crois que le pire de tout c'est la leçon qu'on cherche à m'inculquer ici. « J'aurais été ta mère je t'aurais également abandonnées. Tu n'es qu'une bonne à rien Amelia rentre-toi bien ça dans a tête. » Amelia ... Quel nom stupide. La mère de la famille est la seule à m'appeler par mon vrai prénom, pour les autres je suis Seven. Seven est le petit surnom que je me suis donnée à moi-même car dès que j'entrais dans les locaux des services sociaux pour changer de famille j'entendais « le dossier 7-7-7 est ici. » Un numéro au fond c'est peut-être tout ce que je suis. « Seven je suis sérieux, si tu ne descends pas dans les cinq minutes qui suivent ma mère va encore jouer les garces avec toi. » Evan Montgemery où le seul ami que j'ai jamais eu. Alors que toute sa famille semble me détester, lui,au contraire semble beaucoup m'apprécier. Depuis le premier jour il est adorable avec moi. Je parle souvent avec lui quand tout le monde est couché, il me comprend ou en tout cas il essaye et c'est déjà beaucoup. « Je me lève, je me lève. » J'expulse gentiment Evan de la chambre et m'habille. Une fois en bas j'ai le droit au même discours sur mon soit-disant manque d'intelligence et le fait que je ne réussirais jamais à rien dans la vie. Je fais comme si ça ne me touchait pas, en fait dès que Mrs Montgomery ouvre la bouche je m'efforce de prendre un air détaché comme pour lui montrer que je me fiche de ce qu'elle dit. En fait je suis loin de m'en foutre. Ça aurait été le cas si elle m'avait servi un autre laïus mais la vérité est que cette femme appuyait là où ça fait mal. Je ne saurais dire comment elle fait ça mais tout ce qu'elle me balance à la figure sont mes plus grandes peurs. La peur de ne pas m'en sortir, d'être inutile et surtout le fait que sur cette planète personne ne m'aime réellement. Oh Bien sûr il y a des gens qui m'apprécient et que j'apprécie aussi mais au fond aucun d'eux ne m'aime comme on aime un ami, un membre de sa famille où comme on aime la personne qui partage notre vie. C'est quelque chose d'assez dure pour moi parce qu'au fond j'ai l'impression qu'elle a raison et que je ne suis bonne à rien ni personne. Cependant que cela soit vrai ou pas je n'étais pas du genre à me laisser faire et plus elle s'évertuait à me faire sentir mal plus l'envie de m'enfuir grandissait. Je ne parle pas d'une fugue banale mais de vraiment m'en aller, de sortir du système, prendre mon indépendance et commencer ma vie autre part. Toute la journée mon cerveau était en ébullition, je réfléchissais à des plans pour m'en aller mais aucuns ne tenait vraiment la route. Je savais ce que j'allais faire une fois dehors mais je ne savais pas comment y aller. Une fois le soir tombé et toute la maison endormie je pris la décision de me confier à la seule personne qui comptait pour moi, et même si en faisant cela je prenais le risque de me faire trahir. « T'enfuir ? T'es pas sérieuse. » « Très sérieux. Écoute je ne peux pas continuer comme ça. Entre ta famille qui passe son temps à démolir le peu de confiance en moi que j'ai et dont le passe-temps favoris est de m'humilier je ne vais pas m'en sortir. »J'ai toujours su qu'Evan ne s'entendait pas avec sa famille, en fait je crois qu'il les déteste presque autant que moi mais il n'a jamais voulu me dire pourquoi. « C'est une peau de vache je te l'accorde mais y a quand même des avantages à vivre ici non ? » Pas vraiment non. A part lui rien ne me retenait ici. De toute façon ma décision était prise et je suis suffisamment têtue pour ne pas lâcher l'affaire. « Ok j'ai compris. Je t'aiderais si c'est ce que tu veux, mais tu vas me manquer. » « Vraiment ? Avoir trois frères et soeurs ne te suffit pas ? » Je lui souris pour le rassurer. Je n'ai aucune idée de ce qui m'attend dehors et vaut mieux ne pas le savoir pour l'instant, je risquerais d'avoir trop peur pour faire mes bagages. « J'échangerais volontiers toute ma famille pour que tu restes ... Bon il faudra faire, tu emballeras le strict minimum et faut d'abord que tu ai un plan solide pour l'avenir mais voilà comment on fait pour sortir d'ici discrètement ... » C'est comme ça que je suis partie. Avec l'aide d'Evan je me suis enfuie pour aller vers New-York. Je ne sais pas trop comment tout cela va se terminer mais une chose est sûre ; rien ne sera jamais pire que c'est que j'ai vécu jusqu'ici.